Évidemment, j'ai - avec une longue histoire de complexes avec mon corps - été honoré par cette invitation.
J'ai accepté sans trop réfléchir, fixé la date et suggéré l'utilisation d'un foulard orange, qui faisait partie des costumes d'un spectacle auquel je participais à l'époque.
Je venais de sortir d'une longue relation, j'étais encore très blessé et pas très sûr de quoi que ce soit. Mais l'art a toujours été un carburant puissant dans ma vie et savoir que je contribuais à la création artistique de quelqu'un d'autre remplissait mon cœur de bonne volonté.
J'ai été traité avec un respect absolu et j'ai été flatté qu'un artiste prenne le temps d'observer mes formes et de les représenter magnifiquement.
La nudité elle-même est une situation. Se donner la permission de se déshabiller est une autre tâche plus difficile.
Vous connaissez ce rêve où vous réalisez soudainement que vous êtes nu ? C'est traumatisant, car cela saute le processus de déshabillage. Vouloir se débarrasser des blessures, des douleurs et des habitudes qui ne mènent à rien de positif est fondamental.
Arrêtez-vous devant le miroir et retirez morceau par morceau d'un passé qui pèse sur les épaules, les souvenirs, les genoux et l'âme. Mais ce processus va au-delà d'une simple gêne dans un cauchemar : il demande du courage et une bonne dose de générosité avec soi-même.
Il faut beaucoup de courage pour se regarder dans les yeux, nu, aimer pour qui l'on est, admettre toutes les erreurs, toute la honte, la culpabilité, les déceptions, tout ce qui a mal tourné et tout ce qui s'est bien passé, mais qui s'est mal passé.
La nudité est sublime, tout comme l'amour. Mais c'est dans l'acte de se déshabiller qu'on se paralyse. Nous sommes attachés à des vêtements qui ne nous vont plus, mais qui sont encombrés dans notre placard, tout comme la peur, occupant inutilement un espace.
Face à la honte sociale de me voir et de me montrer nu, il est toujours préférable d'être qui tu es, puisque je ne peux pas m'échapper.
