Qu'y a-t-il au fond du puits ?

Je me rĂ©veille le matin et me retrouve seul. Ce fait me semble soudainement Ă©trange, mais j'ai Ă©tĂ© seul pendant si longtemps. Pourquoi n'ai-je rĂ©alisĂ© que maintenant la douleur qu'il provoque ? C'est exactement ce qui s'est passĂ©. Je prends soudain conscience d'une douleur qui s'est dĂ©jĂ  installĂ©e en moi de telle maniĂšre que je ne l'ai mĂȘme pas remarquĂ©e.

Mais aujourd'hui, quand elle s'est réveillée, elle n'était plus silencieuse.

Elle a crié.

La douleur a crié et m'a demandé de la regarder dans les yeux. J'avais peur. Je ne voulais pas lui faire face, car je savais que cela me ferait prendre conscience de ma solitude.



Cette solitude de soi est infiniment pernicieuse. Elle nous éloigne de tout ce qui peut faire pétiller nos yeux, tout devient gris et assourdi. Le silence. Mais pas un silence bienfaisant, de ceux qui nous font méditer ou trouver le sens de la vie. Au contraire, cette solitude nous fait affronter le silence déprimant de ceux qui ne savent pas comment survivre malgré elle.

Et ce matin c'était comme ça. Je me suis réveillé et je me suis vu en vrai, entier, devant un miroir qui ne ment pas, comme celui de la sorciÚre dans le conte de Blanche-Neige. Et j'ai demandé : Miroir, miroir, y a-t-il quelqu'un au monde plus seul que moi ?

Ma surprise fut immense quand j'entendis la rĂ©ponse du miroir qui ne cache rien Ă  ceux qui veulent vraiment entendre la vĂ©ritĂ© : – Oui, il y en a ! Il y a des multitudes de personnes qui, comme vous, se sentent seules. Je pense qu'il vaut mieux se conformer Ă  la rĂ©alitĂ© d'ĂȘtre un au milieu de millions, milliards, trillions...


Qu'y a-t-il au fond du puits ?

J'ai pensĂ© qu'il valait mieux ne pas insister sur cette conversation avec le miroir et je suis allĂ© me ​​promener dans la rue.

J'avais besoin de voir de mes propres yeux s'il y avait de la joie partout oĂč j'allais et si, par hasard, je pouvais ĂȘtre infectĂ© par quelque espoir. Je suis allĂ©. J'ai marchĂ© plusieurs kilomĂštres et j'ai remarquĂ© que les yeux des gens Ă©taient fixĂ©s sur tout, tĂ©lĂ©phones portables, subterfuges, distractions, protagonisme grossier.


Il n'y avait aucune conscience de la solitude oĂč je marchais. Il y avait des femmes qui se torturaient parce qu'elles Ă©taient grosses, ou vieilles, ou maigres, ou incapables d'ĂȘtre respectĂ©es. Il y avait des hommes qui craignaient de ne pas pouvoir progresser dans leur travail, d'autres Ă©taient trop confiants dans leur force physique, d'autres encore se cachaient derriĂšre un courage insidieux, craignant de dĂ©couvrir qu'il y avait lĂ  une fragilitĂ© humaine. LĂ  oĂč j'ai marchĂ©, je n'ai vu aucune joie. Je n'ai vu aucun plaisir.

J'ai vu des farces construites de force sur des sentiments inconnus et souvent Ă©trangers Ă  eux-mĂȘmes.

À un certain moment de la promenade, je suis tombĂ© dans un puits de larmes. Il y avait tellement de douleur lĂ -bas. Mais tant de douleur. Mais tant de douleur. La fosse Ă©tait profonde, j'avais l'impression qu'HĂ©phaĂŻstos Ă©tait jetĂ© du haut du mont Olympe par son propre pĂšre, tombant pendant des jours et des nuits sans fin
 tombant, tombant, tombant et pendant la chute pensant : Sera-ce ma fin ? Puis-je maintenant avoir la paix avec une rencontre avec la mort, avec une disparition totale ? Mon insignifiance va-t-elle vraiment se prĂ©senter Ă  moi et puis-je enfin avoir un peu de plĂ©nitude et de paix ?


Qu'y a-t-il au fond du puits ?

Cependant, la chute ne s'est jamais arrĂȘtĂ©e.

Le fond du puits n'est jamais venu, peut-ĂȘtre qu'il n'existait pas
 je ne saurais dire.

Je me suis rĂ©veillĂ© ce matin tellement effrayĂ© d'affronter ma rĂ©alitĂ©. Mais, en mĂȘme temps, il y avait lĂ  une ambivalence, parce que, malgrĂ© la peur, j'avais tellement envie d'affronter le rĂ©el qu'il me laissait tellement vulnĂ©rable, trouver le remĂšde pour chaque maladie qui m'a dit que je suis un ĂȘtre qui a besoin de quelqu'un pour ĂȘtre heureux.

Et le miroir me dit : Oublie ça, personne nulle part ne pourvoira à ton besoin. Le secret pour que vous ressentiez la plénitude que vous recherchez est de faire face à vos propres yeux et de vous voir avec amour.


J'étais sans voix face à la rhétorique du miroir.

Rien ne pourrait ĂȘtre plus douloureux que de devoir s'aimer. Cela semblait impossible. J'avais besoin de trouver quelqu'un pour le faire pour moi, je ne pourrais jamais le faire moi-mĂȘme. Je ne pouvais pas
 impossible de m'aimer.

Qu'y a-t-il au fond du puits Ă  part la solitude du rĂȘveur qui se rend compte que tout est rĂȘve, que rien n'est rĂ©el, mais qui, en revanche, sait qu'il fait partie de tout et que tout fait partie de lui-mĂȘme ?


Qu'y a-t-il au fond du puits Ă  part ce matin oĂč je me suis rĂ©veillĂ© en gĂ©missant doucement derriĂšre un faux sourire que je dois donner Ă  ceux qui me croisent pour survivre et ne pas ĂȘtre pris pour un ĂȘtre dĂ©rangĂ© ?

Qu'y a-t-il au fond du puits que je ne vois pas tous les jours dans le miroir, dans cette lueur terne d'un regard qui se sent fatigué mais qui ne se repose jamais ? Comment s'aimer ? Comment est-ce que tu fais ça? Quelqu'un aurait-il la solution à cette énigme humaine ?


Et la matinée s'en va et l'aprÚs-midi approche... les masques sont vite changés... c'est parti !

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